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Réaliser des économies grâce à la caractérisation

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Depuis 2014, toutes les entreprises produisant plus de 1 600 kg de phosphore par année sont tenues de caractériser les lisiers produits sur la ferme.

Si l’on considère l’ampleur de la tâche à accomplir, il est normal que la plupart des producteurs ne soient pas très enthousiastes à l’idée de s’en charger. Toutefois, quand on prend le temps d’analyser de près la situation, il y a certains avantages financiers à connaître en détail la composition des engrais de ferme.

La caractérisation est essentielle à la bonne gestion des effluents d’élevage. Beaucoup d’importance est accordée aux analyses de sol, mais les analyses du lisier sont peu représentatives dans la majorité des cas. Il est donc difficile pour un agronome de faire des recommandations en fertilisation adéquates s’il n’a pas de données fiables sur lesquelles se baser. Une fertilisation optimale peut mener à des économies en plus de favoriser le rendement des cultures fertilisées.

Voici une mise en situation démontrant l’impact de la caractérisation sur les volumes appliqués et les apports réels en éléments fertilisants dans un champ d’une superficie de 25 acres. Pour cet exemple, nous prendrons la culture du blé de printemps et nous ne considérerons pas la matière organique du sol et la culture précédente. Dans les analyses de lisiers, nous utiliserons les valeurs du CRAAQ pour une maternité, et les valeurs de la caractérisation d’une maternité :



En l’absence de caractérisation, l’agronome réalisant le plan de fertilisation est tenu d’utiliser les valeurs du CRAAQ. Dans l’exemple, comme dans plusieurs cas, les valeurs sont surestimées. Il est facile de constater que la dose appliquée sera plus faible si l’on utilise l’analyse du CRAAQ. En effet, la concentration en phosphore limitera l’application à environ 2 000 gallons/acre. Si le lisier avait été caractérisé, la dose appliquée aurait été d’environ 3 000 gallons/acre. Le tableau 3 présente un résumé des deux situations.



Pour une dose de phosphore similaire, on obtient 8 kg d’azote de plus à l’acre. Sur une culture qui répond bien aux applications d’azote comme le blé, le gain n’est pas négligeable. De plus, un producteur désirant combler le besoin en azote avec un engrais minéral aura 8 unités de moins à ajouter. L’ajout de 8 unités en moins de 27-0-0 à 670 $ la tonne représente une économie de 8 $ l’acre. Au total, c’est 200 $ d’économie. L’application du lisier n’est pas comptabilisée, car elle doit être faite d’une manière ou d’une autre.

De plus, en appliquant seulement 2 000 gallons/acre, la culture serait sous-fertilisée. La fertilisation minérale aurait été basée sur un apport de 37 unités d’azote alors qu’en réalité, seulement 30 unités sont appliquées. Une légère perte de rendement est plus que probable lorsque la fertilisation est insuffisante. Il est difficile de prévoir l’évolution des rendements. Notons seulement qu’une augmentation de 50 kilos par acre représente un revenu supplémentaire de 10 $ l’acre pour du blé à 200 $ la tonne.


Pour une entreprise en surplus de phosphore, les économies sont encore plus importantes. D’abord, les cultures sont fertilisées adéquatement, puis le volume à exporter est plus faible, donc moins coûteux. Le lisier pourra également être épandu en plus grande quantité sur des champs plus près de la ferme, diminuant ainsi les frais de transport. La distance entre un producteur et ses receveurs étant très variable, il est difficile de chiffrer précisément ce paramètre. Notons toutefois que, si l’exportation requiert l’utilisation d’un camion-citerne, la facture pour les 114 m3 non épandus s’élèvera à environ 300 $ pour un receveur situé à moins de 5 kilomètres. Si l’on considère que ce volume aurait dû être épandu à la ferme pour un coût d’environ 200 $, c’est 100 $ en plus qui doivent être payés si le lisier n’est pas caractérisé.

En conclusion, la caractérisation des lisiers permet d’appliquer de façon optimale le fertilisant sur les terres en culture. Des économies sont facilement réalisables. La diminution de la quantité d’engrais de synthèse appliquée de même que la réduction des volumes exportés représentent des économies substantielles. Il y a également un revenu supplémentaire associé à la hausse de rendement obtenue. Dans l’exemple précédent, les gains estimés se situent de 15 à 25 $ l’acre, selon la situation. Bien qu’il soit désagréable d’échantillonner le lisier à plusieurs reprises, les économies potentielles représentent une opportunité qui doit être saisie dans une agriculture québécoise de plus en plus concurrentielle.

Consultez les tableaux 5 et 6 »


PIERRE-LUC BOUCHARD, agr.
Superviseur Environnement
Agri-Marché inc.

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