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La santé générale des troupeaux canadiens

Volaille •

À l’automne 2019, j’ai eu la chance d’assister en Alberta à des conférences portant sur la santé générale des troupeaux canadiens. On y répertoriait notamment le nombre de cas par province selon la maladie et on nous informait des cas susceptibles d’être en hausse dans certaines provinces. Des chercheurs ont présenté les résultats de leurs recherches et des vétérinaires praticiens nous ont fait part de leurs réflexions et de leurs observations sur le terrain. Il y a eu une longue discussion sur la relation entre la régie de départ des oiseaux et leur immunité ainsi que les maladies qui s’expriment en fin de lot.

Le retrait des antibiotiques est un enjeu pour le Canada en entier; la filière avicole voit venir le jour où nous n’aurons plus d’options médicamenteuses à proposer aux producteurs. Une solution de rechange connue est d’améliorer la régie d’élevage. Il faut réfléchir à ce qui se fait présentement et à ce qui doit être fait à l’avenir sur ce plan. Présentement, les producteurs ont un bon statut sanitaire et le cycle de production est assez court; il est possible qu’ils ne voient pas pleinement les enjeux qui les attendent. Beaucoup d’efforts sont mis par les couvoiriers pour optimiser le statut sanitaire et livrer des poussins les plus forts possible. Mais l’arrivée de la production sans antibiotiques doit se faire naturellement et être compensée par de bonnes pratiques d’élevage; c’est pourquoi il faut se préparer dès aujourd’hui pour en tirer profit maintenant.

Au cours de la dernière décennie, il y a eu une grande évolution dans nos bâtisses d’élevage du côté technologique. Les systèmes de gestion sur les fermes peuvent maintenir les oiseaux dans d’excellentes conditions d’élevage dans la mesure où ils sont bien entretenus. J’ai déjà entendu un des conférenciers insister sur l’importance de « mesurer, mesurer, et mesurer ». Trouvez des façons de mesurer tout ce que vous faites. Vos systèmes peuvent vous fournir beaucoup d’information sur les conditions d’élevage; il faut les questionner.

Il a été mentionné qu'un superviseur de ferme a réussi à améliorer ses résultats financiers considérablement en mesurant différemment ce qu’il faisait. Grâce à la collecte d’information, il a pu voir où étaient les points faibles. Il a établi un plan de match avec son équipe en vue d’apporter des correctifs concrets et d’en mesurer les résultats.

Quand on parle de mesurer, il s’agit de le faire avant, pendant et après. Il faut en effet d’abord trouver nos points faibles pour pouvoir intervenir au bon endroit et de la bonne façon. Il faut ensuite mesurer à nouveau pendant, pour s’assurer qu’il y a un impact positif à notre action. On doit enfin valider après plusieurs lots si nos efforts ont bel et bien porté fruit.

Un autre aspect dont l’importance a été soulignée est la température de la litière. Le superviseur a constaté que les poussins étaient tous dans les boîtes de moulée. Ils ont réalisé que la litière était étendue un peu à la dernière minute, la température du plancher sous la litière était froide et indisposait les poussins. Il a vérifié la zone de confort grâce à une caméra infrarouge; surprise, il y avait surchauffe du système, premièrement, les départs et arrêts étaient mal ajustés et deuxièmement, le sondes étaient mal calibrées de telle sorte qu’elles ne donnaient pas toutes la même température. Tout a été ajusté pour obtenir une bonne zone de confort, ce qui a eu un impact bénéfique sur les jabots et la température rectale en 24 heures, et sur le poids des oiseaux à 7 jours. Maintenant, on parle de faire le départ des poussins sur 3 rangées de papier avec environ 120 grammes de moulée par tête.

Il y aura encore des choses à améliorer; la conception des bâtisses change en vue de toujours améliorer les conditions d’élevage des oiseaux et faciliter le travail des producteurs. Mais beaucoup se joue au départ : il faut donner à nos poussins une bonne zone de confort, de l’eau propre et fraîche, de même que de la moulée en quantité suffisante dès leur arrivée. Ils pourront ainsi donner leur plein potentiel. Quand les productions de poulets sans antibiotiques, de bio et de végétal arriveront, nous serons prêts à les accueillir.

Une conférence m’a particulièrement intéressé : elle portait sur un projet de recherche sur la préparation des oiseaux pour leur départ vers l’abattoir l’hiver. On nous a parlé des comportements des oiseaux et de leurs mécanismes de protection face aux froides nuits hivernales. On nous a expliqué que l’oiseau est confronté à un écart de température subit de 40 °C et que cela prend 4 heures à son organisme pour réagir à ce stress. Ce fait justifierait la demande des abattoirs d’abaisser la température dans les bâtisses l’hiver à environ 10 °C.

Les recherches se poursuivent et de nouvelles consignes nous parviendront encore et encore. Suivons l’évolution de chaque dossier au jour le jour. Ne prenons par ailleurs pas trop de retard sur le plan des améliorations à apporter dans la régie de nos troupeaux.

Gardons l’esprit ouvert aux changements et innovations, car tout bouge très vite et il faut suivre la parade pour conserver notre position de leaders en agriculture.
 

OBSERVER, MESURER, CORRIGER, VÉRIFIER

Il y aura encore des choses à améliorer; la conception des bâtisses change en vue de toujours améliorer les conditions d’élevage des oiseaux et faciliter le travail des producteurs. Mais beaucoup se joue au départ : il faut donner à nos poussins une bonne zone de confort, de l’eau propre et fraîche, de même que de la moulée en quantité suffisante dès leur arrivée. Ils pourront ainsi donner leur plein potentiel.

Quand les productions de poulets sans antibiotiques, de bio et de végétal arriveront, nous serons prêts à les accueillir.



LÉO GAGNON
Conseiller en production avicole
Agri-Marché inc.

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