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Récolte 2019 au Québec - Un vrai casse-tête pour nos producteurs!

Grains •

La récolte 2019 aura donné des maux de tête aux producteurs agricoles du Québec. Des ensemencements qui se sont terminés parfois tard en juin et un automne pluvieux en ont stressé plus d’un. Le battage des céréales a débuté dans certaines régions avec près de trois semaines de retard, tout comme pour le maïs et le soya.

RÉCOLTES DE CÉRÉALES

Un gros problème dans les céréales l’an dernier a été la récolte de blé panifiable, qui a été peu fructueuse. Plusieurs voyages ont été déclassés en raison de la protéine, qui a été très faible au cours de l’automne. Ce sont près de 54 % des voyages livrés à notre centre de grains en Nouvelle-Beauce qui ont été déclassés. La moyenne de protéine tous blés confondus se situe à 11,3 % sur base sèche, la protéine recherchée étant de 12,5 % pour le blé à consommation humaine.

En ce qui concerne les fameuses toxines, elles ont été très faibles l’an dernier, ce qui est une bonne nouvelle. Les résultats de notre laboratoire sur ce plan sont inférieurs à 500 ppb tant dans l’orge que dans le blé.

Comme on peut le constater dans le tableau ci-bas, la qualité de l’orge, du blé fourrager et de l’avoine a été bonne dans l’ensemble. Seul bémol : le pour-centage d’humidité, qui a été relativement élevé l’an dernier. Nous avons réceptionné des voyages comportant une humidité allant jusqu’à 29,57 % dans le blé fourrager, 29,8 % dans le panifiable, 22,4 % dans l’avoine et 23,8 % dans l’orge.



RÉCOLTES DE MAÏS ET DE SOYA

Malgré un retard dans les semis, Statistique Canada relevait en septembre les rendements attendus pour le maïs. On estimait le rendement pour la province de Québec à 3,68 t/acre dans le maïs et 1,17 t/acre dans le soya.

Un premier gel hâtif a généré un bon casse-tête l’automne dernier à des producteurs de maïs ensilage de plusieurs régions. Les agriculteurs qui avaient semé du maïs élevé en UTM se sont retrouvés avec du maïs dont la maturité n’était pas à point. D’ailleurs, un faible nombre de producteurs de maïs avaient signé leurs récoltes de 2019. Les producteurs étaient-ils incertains de leur rendement ? Fort probablement !

En raison du retard des battages dans le maïs, les prix étaient très élevés l’automne dernier. Les acheteurs et utilisateurs de cette céréale devaient payer plus de 300 $ à la livraison (Graphique 1). De plus, étant donné que la récolte s’annonçait assez ordinaire sur le plan de la qualité, les prix n’ont jamais connu de tendance baissière ! Les producteurs s’attendaient à des prix inférieurs comme au cours des années précédentes (220 $ à 230 $ à la livraison), mais ce n’est jamais arrivé.



À la mi-octobre, on observait un très faible pourcentage d’entrées de fève de soya en comparaison avec 2018. Sans compter qu’en 2018, le maïs humide avait lui aussi commencé au début octobre. Un retard considérable a donc été remarqué pour la récolte de 2019 dans nos installations de Saint-Isidore en Nouvelle-Beauce.

En ce qui a trait à la fève de soya, nous avons réceptionné un grand nombre de voyages qui se classaient grades 4, 5 et échantillon. La principale raison : la sclérotiniose. Il s’agit d’une présence de sclérotes à l’intérieur de la tige (photo 1) qui, lors du battage, se retrouvent avec le grain. On peut identifier la sclérotiniose dans un champ par des plants séchés et couchés au sol. Le champignon en cause s’attaque à la base du plant, ce qui engendre une plus grande vulnérabilité à la verse.

En conséquence de ces diminutions du grade, malheureusement pour les producteurs, les centres de grains réduisent le prix payé à la tonne. Pour vous donner quelques exemples, voici les tolérances de sclérotes selon le grade :



Cela étant dit, ne vous découragez pas de votre récolte de soya pour 2019; la plupart des produc-teurs étaient dans le même bateau ! Pour réduire les risques de voir cette maladie se répandre dans vos champs, il serait intéressant d’arroser aux fongicides, de vous assurer que vos terres sont bien drainées et d’avoir une bonne rotation de vos cultures.

En ce qui concerne les entrées de maïs humide, premier constat de la récolte 2019 : l’humidité était au rendez-vous ! La dernière récolte de maïs a découragé plusieurs producteurs du Québec, principalement en raison du grade de leurs grains, du rendement aux champs et de l’humidité. Tout cela sans compter le retard de plus de trois semaines dans certaines régions de la province.

Les parcs à bœufs en ont par ailleurs eu pour leur argent ! En effet, en raison du faible poids spécifique du maïs et de l’humidité qui était trop élevée pour que le grain soit séché, plusieurs voyages ont dû être détournés vers des parcs à bœufs. Malheureusement, la situation était la même pour la plupart des régions du Québec, d’autant plus que plusieurs producteurs n’avaient même pas terminé de battre leur maïs au début de décembre. Selon une enquête menée dans toutes les régions du Québec par la Financière agricole du Québec, et ce, en date du 12 novembre 2019, 91 % de la fève étaient ramassés et seulement 26 % du maïs.

Voici, plus haut, un tableau qui résume bien les résultats de la fève de soya et du maïs de la récolte 2019.

On peut constater que l’an passé, les grains étaient très humides, avec une moyenne de 30,5 % dans le maïs. Toujours dans le maïs, nous avions une moyenne de grade 4 en raison du poids spécifique qui peinait à atteindre le 63 kg/hl. Un point positif : il n’y avait pratiquement pas de toxines.

Toutefois, avec une qualité qui laissait à désirer et des quantités qui sont restées aux champs, les meuneries n’ont eu d’autre choix que d’importer du maïs américain pour s’assurer d’un approvisionnement régulier et de grade 2.

En considérant l’offre et la demande, attention chers utilisateurs/consommateurs, préparez-vous : le maïs sera très cher en 2020.

COMME SI CE N’ÉTAIT PAS ASSEZ : GRÈVE DU CN

Comble de malheur pour les agriculteurs, une grève au Canadien National a éclaté le18 novembre dernier, plongeant le Québec en entier en rupture de propane. Puisque la grande majorité des producteurs de grains sèchent leur mais avec des séchoirs fonctionnant avec ce type d’énergie, tout était à l’arrêt. Déjà que la récolte était désolante, et surtout interminable, les producteurs n’étaient même plus en mesure de terminer de récolter leur maïs… encore aux champs !

Un impact s’est aussi fait sentir du côté de l’approvisionnement des meuneries et des transformateurs agricoles (triturateurs, éthanol, etc.). Plusieurs wagons de grains et de sous-produits ont été stationnés dans les cours de triage du CN, créant ainsi des ruptures de plusieurs produits. Cela a bien évidemment créé une flambée des prix !

BILAN DE LA RÉCOLTE

À titre informatif, notre laboratoire procède chaque année à des évaluations des récoltes. Les techniciens prennent des échantillons de maïs selon un programme d’analyse précis, et ce, en fonction des différentes régions du Québec. Il est certain que le nombre d’échantillons est pour l’instant peu représentatif de certaines régions, mais les données sont tout de même intéressantes. Quelques mots pour résumer la récolte 2019 dans la province :
  • Humide
  • Peu de rendement
  • Qualité faible
  • Offre diminuée

Avec une année comme celle-là, souhaitons aux producteurs une récolte 2020 bien meilleure !

DES AMÉLIORATIONS CONTINUES - PAIEMENT AUTOMATIQUE

Dans le but de toujours nous améliorer, nous avons instauré l’automne dernier le paiement automatique en ce qui a trait aux grains de récolte. Auparavant, nous devions appeler chaque producteur pour savoir s’il voulait les mettre en banque de grains ou se les faire payer. De plus, un producteur qui tardait à rappeler pouvait occasionner des délais de paiement. Maintenant, la facturation se fait automatiquement le cinquième jour après l’entrée du grain. Mais attention : il devient important de le mentionner à votre négociant avant l’entrée de votre grain dans la meunerie si vous souhaitez le mettre en consignation.

DES NOUVELLES DU « GROS PIT »

Nous tentons aussi d’améliorer d’année en année le temps de déchargement des camions au séchoir. Grâce au gros séchoir construit en 2017, la réception des grains est évidemment beaucoup plus efficace et rapide. Voici un aperçu des délais de déchargement au « gros pit » de Saint-Isidore; ceux-ci sont calculés par le superviseur du laboratoire entre le moment de la pesée pleine et le moment où le camion revient sur la balance pesée vide (in and out).



On peut observer une amélioration dans la réception du blé. Les légères augmentations de délais dans la fève et le maïs sont dues à la qualité du grain réceptionné. En effet, il y avait présence de sclérote dans la fève l’an passé, ce qui occasionnait un temps de classement du grain plus long. Même chose pour le maïs, où nous pouvions retrouver de la glace dans l’échantillon, ce qui rendait le classement un peu plus long. Cela étant dit, avant la construction du nouveau quai de déchargement, décharger un camion pouvait prendre de 2 à 3 heures. Donc, 25 à 30 minutes est considéré comme un délai raisonnable.

UN CRIBLE PERFORMANT

Il m’apparaît intéressant de parler du crible de notre séchoir de Saint-Isidore… parce qu’il est très efficace ! Il possède trois trémies qui permettent d’éliminer les impuretés du grain dont la sclérote. Il nous a permis de réceptionner de la fève de soya qui en était aux grades 5 et échantillon en raison de la sclérotiniose; auparavant, nous devions la refuser et les négociants se voyaient forcés de tenter de la revendre au meilleur prix. Les producteurs pouvaient perdre jusqu’à 200 $/tm, alors ils y gagnent clairement !

AU FEU !

Comme plusieurs le savent sans doute, le petit séchoir qui avait pour fonction de sécher notre blé panifiable, notre orge et notre avoine a passé au feu le 19 septembre dernier. L’événement a forcément compliqué nos opérations, mais l’ensemble des employés ont redoublé d’efforts pour mettre en oeuvre des solutions alternatives. Le but ultime était de pouvoir continuer de réceptionner le grain et dès l’après-midi suivant, tout était en place ! Le séchoir n’aura malheureusement pas été en mesure de repartir pour terminer la saison de récolte 2019. Toutefois, Agri-Marché travaille actuellement à une solution pour celle de 2020. Nous tenons aussi à souligner qu’après cet incident, nous avons obtenu la collaboration de partenaires (producteurs, fournisseurs, transporteurs) pour que nos opérations reprennent le plus rapidement possible. Merci à tous !

KATHLEEN GAUVIN-AUDET, agr.
Analyste grains et commodités
Agri-Marché inc.

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