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Serait-ce la fin d'un cycle de prix à la baisse?

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Par contre, les conditions humides et fraîches du printemps ont retardé de manière importante les semis un peu partout en Amérique du Nord. Du côté américain, on a vécu l’ensemencement de maïs le plus lent depuis 1980. Pour une des premières fois depuis cinq ans, le marché s’inquiète à propos des rendements vu la forte demande anticipée. La panique s’est donc emparée du marché et les fonds ont été contraints de racheter rapidement leurs positions.

Paradoxalement, le Département américain de l’Agriculture restait tout de même positif lors de son rapport sur les superficies ensemencées du 28 juin dernier. Le marché s’attendait à de mauvaises nouvelles, ce qui n’a pas été le cas. Pas de confirmation des rumeurs selon lesquelles les producteurs qui n’auraient pas semé seraient compensés. Et par-dessus ce contexte incertain, le gouvernement américain a envoyé un communiqué à l’effet que ses estimations avaient été difficiles à produire cette année étant donné que les données sont recueillies au début de juin et que les semis n’étaient alors pas complétés.

Même si les nouvelles semblaient relativement bonnes dans les rapports, le marché n’y a pas cru. Les photos de champs inondés circulant sur Internet et les anticipations négatives de plusieurs grandes firmes économiques ont pris le dessus pour dresser un meilleur portrait de la situation.


Inondation d’une ferme de l'Iowa en mars 2019

On comprend les producteurs de grandes cultures d’avoir préféré attendre de meilleurs prix avant de vendre et de ne pas s’être commis trop rapidement à faire la mise en marché de la prochaine récolte. Les bases locales se sont donc appréciées pour aller rejoindre les prix d’importation. Du côté de l’Ouest canadien, les conditions laissent présager une bonne récolte. En Ontario, il risque d’y avoir moins de blé mais les conditions propres au maïs ont l’air de s’améliorer. Les préoccupations sont davantage au niveau des toxines; on espère ne pas revivre une campagne comme celle de 2018.

Au moment d’écrire ces lignes, la température du mois de juillet favorise un certain rattrapage du retard accumulé ce printemps, mais il est possible que la qualité et le rendement soient affectés. On remarque que la demande de protéines risque de demeurer forte pour compenser des fourrages un peu moins performants qu’à l’habitude. Les coûts de transport ont également augmenté en 2019, ce qui se traduira certainement par des bases de prix un peu plus élevées pour la saison 20192020. Pour ceux qui surveillent les prix à plus long terme, il y aura donc des opportunités mais ils ont de fortes chances d’être un peu plus élevés que l’an dernier puisque nous ne sommes pas partis pour battre des records cette année.

Après quatre récoltes records, il est évident que les chances de vivre une autre baisse importante des prix devenaient de moins en moins probables. Les graphiques montrent des inversions de tendance tous les dix ans, mais les cycles sont de plus en plus courts. Ainsi, les années de prix élevés comme 2012 à 2014 ont laissé place à quatre années de prix relativement faibles sur le plan des contrats à terme. Si la récolte est moins importante que prévu (certains analystes parlent d’un stock de report de onze jours à la fin de la présente campagne), on doit savoir qu’il faut généralement plus d’une année pour reconstruire les inventaires de sécurité. Donc, si le niveau des prix pour 2019-2020 était plus élevé, possiblement que celui de 2020-2021 le serait également. Tout dépend de dame Nature durant l’été.

Seul les risques d’augmentation des tarifs envers la Chine peuvent maintenir une pression baissière sur les prix temporairement, mais le fondamental, bien qu’il ne soit pas catastrophique, laisse tout de même présager que nous sommes très près d’un renversement de tendance.

Contactez l’équipe de négociants pour construire votre stratégie de mise en marché et tenez-vous informés. Une année comme celle-ci risque de nous offrir de nombreux rebondissements puisque les marchés carburent avec la météo et le contexte géopolitique.


SÉBASTIEN LAVOIE, agr.
Directeur
Commercialisation des grains
Agri-Marché inc.

 

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