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Semis du maïs : facteurs à considérer pour établir un peuplement uniforme

Végétal •

Dans la vie d’un agriculteur, le nombre de semis sur une terre se situe autour de 25-30 et aucun agriculteur ne peut se permettre de manquer un seul d’entre eux. Encore moins si l’on considère la hausse du prix des terres des dernières années. L’atteinte de hauts rendements passe obligatoirement par la réussite de son semis au printemps. On évalue à environ 50 % l’impact du semis sur le rendement final. Un semis trop peu précis risque de conduire à un peuplement non uniforme à la levée, ce qui peut ensuite compromettre le développement normal des plants jusqu’à la fin de la saison.

Pour obtenir un bon rendement de maïs, on compte trois étapes clés :

  1. l’établissement de la culture au printemps, qui détermine pour beaucoup la population finale à l’acre
  2. la formation du plus grand nombre de grains récoltables par épi, essentiellement déterminée à la pollinisation, et
  3. le remplissage optimal du grain avant le premier gel mortel, de mi-août à fin septembre, qui détermine le poids individuel de chaque grain.
On comprend que la première étape (la qualité du semis et le développement harmonieux du plant qui s’ensuit) détermine forcément les deux étapes suivantes. En d’autres mots, on peut très bien réunir toutes les conditions satisfaisantes à l’atteinte d’un très bon niveau de rendement (été chaud et raisonnablement pourvu en pluie, gel automnal tardif), le rendement peut demeurer plafonné par un manque de qualité du semis.

Pour assurer un potentiel de rendement optimal et donner à son maïs toutes les chances, quels que soient les aléas qui s’ensuivent, il faut que tous les plants de maïs aient atteint le même stade au même moment (peuplement uniforme). La littérature abonde en études qui démontrent que le rendement potentiel diminue de façon quasi proportionnelle avec l’augmentation du pourcentage de plants qui lèvent plus tardivement que leurs voisins. Les plants qui n’émergent pas en deçà de 48 heures après leurs voisins deviennent des mauvaises herbes (Figure 1). Les premiers sortis feront tout pour passer par-dessus les retardataires. Ces derniers ont généralement des épis plus petits et incomplets montrant notamment des problèmes de pollinisation et de maturité.

Figure 1 : Les plants de maïs émergent de façon très inégale à cause d’une pression excessive des unités de semis en conditions trop humides.

Pour obtenir une levée uniforme, deux éléments clés sont à considérer : la profondeur de semis et le contact sol-semence. La profondeur de semis doit se situer entre 1 3/4 pouce et 2 1/4 pouces. Mais en règle générale, en semant tout à 2 pouces, on ne se trompe pas. En plaçant toutes les semences à 2 pouces, on s’assure qu’elles sont toutes soumises à la même humidité et à la même température, et donc qu’elles germeront et qu’elles lèveront en même temps. Un léger ajustement de 1/4 de pouce permet éventuellement de placer la semence un peu plus en profondeur pour aller chercher un peu plus d’humidité, surtout dans les sols légers sujets au stress de manque d’eau. Mais inversement, rien ne justifie de semer plus en surface en espérant que les plants sortiront plus vite. Semer trop en surface augmente le risque de déshydratation de la semence, expose la semence aux insectes et au stress herbicide et amplifie les dommages dus à la formation d’une éventuelle croûte de battance. Plus grave : les racines ne se développeront pas adéquatement, ce qui pourrait nuire à une bonne nutrition du plant et à sa tenue durant toute la saison. Placer la semence à 2 pouces n’est pas le fait du hasard : cela permet très précisément la formation du premier noeud de racines à 3/4 de pouce sous la surface du sol, assurant ainsi une bonne assise du plant par la suite. Ce premier noeud se forme toujours à 3/4 de pouce sous la surface (le maïs est préprogrammé ainsi), mais seulement à condition que la semence soit placée à la bonne profondeur (Figure 2).

Figure 2 : Plant de maïs insuffisamment ancré dans le sol à cause d’un semis trop en surface.

Le contact sol-semence est plus complexe à maîtriser, car il implique à la fois la préparation du lit de semence, la gestion des résidus ainsi que le contrôle de la pression exercée à la fois par les roues de profondeur et les roues de fermeture du sillon. Rappelons que la semence est vivante, elle doit donc respirer. La semence doit en outre absorber 1/3 de son poids en eau pour germer. Un bon contact dans une terre bien raffermie et pas trop dense permet une absorption d’eau et un échange de gaz adéquats nécessaires à la germination. Si des poches d’air, voire de la lumière, entourent la semence, celle-ci risque de ne pas germer ou de germer tardivement. Inversement, un grain de maïs « pris dans la masse » risque de s’asphyxier, de pourrir et de ne pas germer non plus.

On comprend tout de suite l’importance de la préparation du lit de semence : elle doit se faire dans un sol suffisamment ressuyé et mener à la formation d’une couche de particules fines de sol sur environ 2 pouces de profondeur. La couche travaillée se réchauffe et s’assèche tandis que la zone non reprise conserve l’humidité nécessaire au processus de germination. Travailler de façon trop énergique peut conduire à la formation de particules trop fines et à une croûte de battance (en cas de pluie intense), et travailler trop creux peut conduire à la formation de mottes inadéquates à un bon contact sol-semence.

Le travail des disques ouvre-sillons est aussi primordial. Ces deux disques doivent se toucher à l’avant sur une distance de 2 pouces environ. Les disques usés forment un sillon en W alors que c’est un V que l’on recherche. L’usure des disques ouvre-sillons est un aspect à contrôler avant chaque saison de semis. En outre, en présence abondante de résidus, comme c’est le cas en semis direct ou en retour de maïs, les disques ouvre-sillons doivent couper les résidus et non les enfoncer dans le sol. Ils doivent être le plus tranchants possible. Ce problème est plus fréquent en sol léger, car le sol offre moins de résistance aux disques.

Enfin, les roues de fermeture du sillon (appelées aussi « roues tasseuses » ou « plombeuses ») doivent raffermir le sol autour de la semence en éliminant les poches d’air, mais sans créer de pression exagérée localisée sur la semence (Figure 3). En conditions de semis trop humides, le lissage des parois du sillon est une menace pour une levée adéquate des plants (problème fréquent en sols loameux ou argileux et en semis direct). Si l’on ne peut éviter cette situation, il est recommandé d’avoir recours à des roues de fermeture avec des dents incurvées pour briser les parois du sillon trop fermes.

Figure 3 : Roues de fermeture du sillon probablement trop espacées ou appliquant une pression insuffisante pour bien refermer le sillon.

Figure 4 : Mauvais contact sol-semence et levée inégale dus à une gestion inadéquate des résidus en retour de maïs.

Toujours en cas de présence abondante de résidus, il est crucial de faire « le ménage » en avant des disques ouvre-sillons en ayant recours à des disques tasse-résidus (Figure 4). Ces derniers ne doivent pas être trop agressifs. Leur fonction est de tasser les résidus présents à la surface du sol et non le sol lui-même, car cela pourrait mener à la formation d’une rigole dans laquelle l’eau irait s’accumuler au détriment des plants de maïs. Il est important de vérifier que les disques tasse-résidus ne tournent qu’en présence de résidus (tasse-résidus flottants).

Hormis la profondeur de semis et le contact sol-semence, il est souvent indiqué qu’un espacement égal des plants sur le rang a un impact sur le potentiel de rendement du maïs. Cela est vrai, mais plus grave que deux plants trop rapprochés, c’est un plant manquant (baisse de population). Le recours à des planteurs de précision ou le ralentissement de la vitesse de semis pourraient régler le problème.

Réussir son semis, c’est s’assurer de partir sur de bonnes bases pour le reste de l’année. C’est en outre un bon moyen de valoriser l’achat de chacun de ses intrants (terre, semences, engrais, etc.). Il faut :
  • partir avec un planteur bien entretenu et bien ajusté
  • descendre régulièrement du tracteur pour vérifier que la profondeur de semis ainsi que le contact sol-semence sont adéquats.


Collaboration spéciale
VINCENT CHIFFLOT, agr., M. Sc.
Dekalb

BENOÎT PHARAND, agr.,M. Sc.
Directeur de ventes végétales
Agri-Marché inc.

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