Réduire les pertes reliées aux maladies respiratoires
Porc •
La période d’automne vient de se terminer, et plus de la moitié de mes interventions en postsevrage ont été reliées aux maladies respiratoires. Souhaitons une accalmie cet hiver, mais souvenons-nous qu’il y aura aussi un printemps. Les saisons avec des variations de température plus importantes représentent un défi au point de vue du contrôle de la ventilation, et cela se répercute sur la fréquence des problèmes respiratoires, que ce soit en pouponnière, en sevrage-abattage, en engraissement ou même, en maternité. En fait, c’est probablement la principale cause de mortalité dans les élevages subissant des pertes plus élevées que celles que l’on observe normalement.
La gestion de la ventilation doit permettre de réduire les écarts de température, d’éviter les courants d’air refroidissant les porcs, de bien gérer les taux d’humidité et d’ammoniac en plus de maintenir les animaux dans des conditions adéquates à l’intérieur de nos bâtiments. Sachez que des conditions de ventilation inadéquates sont suffisantes pour déclencher des maladies.
Une régie proactive est nécessaire pour minimiser les conséquences économiques des problèmes respiratoires. Cela signifie une détection rapide des signes cliniques et une intervention efficace avec un traitement approprié. Plus l’intervention auprès des sujets malades est rapide, plus les chances de succès sont augmentées. Un délai de quelques jours peut faire la différence entre un échec et un succès, en particulier avec certaines conditions à évolution rapide. C’est notamment le cas de la pleuropneumonie porcine à Actinobacillus pleuropneumoniae ou la maladie de Glasser causée par Haemophilus parasuis. Nous devons nous rappeler que le premier signe de la maladie chez un animal est souvent un changement de comportement (être en retrait des autres, demeurer couché, exprimer un malaise). Viennent ensuite les signes plus facilement perceptibles (toux, difficulté respiratoire, fièvre, dépérissement). Repérer le porc malade au début de la maladie requiert de l’observation, de la formation et du temps. En observant chaque porc individuellement, vous pourrez détecter ceux qui nécessitent une intervention rapide.
Le nombre de tournées de surveillance du producteur doit varier en fonction du stade de l’élevage et de l’historique du troupeau. En début d’engraissement, par exemple, on devrait observer les porcs deux fois par jour. Si on sait que les porcs de notre troupeau ont tendance à devenir malades vers la huitième semaine d’engraissement, on devrait également vérifier l’état du troupeau deux fois par jour à partir de la septième semaine. En passant, la nouvelle tendance vers de grands enclos rend plus difficile l’observation, mais l’objectif demeure le même. Si la situation l’exige, un traitement médicamenteux dans l’eau ou dans la moulée pourra être effectué. Bien que cela nous frappe davantage, la mortalité reliée aux problèmes respiratoires n’est pas le seul élément à considérer quand vient le temps d’évaluer les pertes qui y sont associées.
Concernant les maternités, il est primordial de maintenir leur stabilité sanitaire, car elles sont la base du système. Un protocole d’acclimatation des cochettes adéquat et une biosécurité à toute épreuve permettront d’augmenter les chances de conserver un statut sanitaire stable. Si la maternité n’est pas stable, il y a de fortes chances que ça se répercute en aval.
De nos jours, compte tenu de la complexité des microbes respiratoires, qu’ils soient viraux ou bactériens, et bien que l’on connaisse assez souvent le statut de nos élevages, il est parfois nécessaire de soumettre des porcs représentatifs du problème au laboratoire, en début de condition et non traités. D’autres techniques de diagnostic comme les fluides oraux, les prises de sang ou les écouvillons nasaux peuvent aussi être des options pour l’investigation. Lorsque les problèmes de toux et de difficulté respiratoire sont suffisamment marqués pour entraîner des pertes (mortalité, gain, conversion, coût de traitement) et afin de préciser contre quel ennemi on se bat, on se doit d’investiguer afin de pouvoir déployer une stratégie de traitement efficace. Le diagnostic obtenu pourra également entraîner une révision des programmes de vaccination et de régie. Comme le dit le vieil adage, mieux vaut prévenir que guérir!
Enfin, bien que les élevages situés en zones de fortes densités porcines soient davantage à risque en regard des maladies respiratoires, à cause, entre autres choses, de la transmission possible par aérosol de certains microbes, les élevages mieux situés ne sont pas complètement à l’abri de ces problèmes. Certaines conditions, comme l’influenza, peuvent être introduites par les visiteurs ou les employés. Nul n’est donc complètement à l’abri des problèmes respiratoires. L’idée est de savoir comment réagir lorsqu’ils surviennent. Contrôler notre environnement, avoir des personnes dédiées et bien formées pour le suivi à la ferme, établir un protocole de vaccination et de médicamentation ciblé en fonction des pathologies respiratoires présentes sont des facteurs essentiels à la réussite.

