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Chronique des grains : récolte record rime-t-elle avec baisse des prix?

Grains •

Après avoir vécu la pire sécheresse en 50 ans lors de la saison 2012, conséquemment, les États-Unis ont connu un rendement très faible de 123 boisseaux à l’acre et une flambée des prix du maïs atteignant huit dollars du boisseau au cours des 24 derniers mois. Or, les États-Unis connaissent de bien meilleurs jours en cette fin d’année 2014. En effet, nos voisins du sud ont ensemencé de grandes surfaces (90,9 millions d’acres), à un niveau historiquement haut, et ils ont obtenu un rendement exceptionnellement élevé (173,4 boisseaux à l’acre). Bref, du jamais vu dans l’histoire américaine!

Qui dit grande récolte dit aussi prix à la baisse. C’est exactement ce que la bourse de Chicago a connu en atteignant 3,20 $ du boisseau au début de septembre dernier. Ce qui est différent d’une grande récolte normale, c’est que présentement, les primes demeurent élevées.

Pourquoi les primes sont-elles aussi élevées?

Depuis 2012, le coût de production du maïs a augmenté à la suite de la hausse des prix du marché. Notons, entre autres, l’explosion du coût d’achat et de location des terres, sans oublier l’augmentation des frais courants reliés aux engrais, aux semences et à la machinerie. Cette situation a créé une pression à la hausse sur les coûts de production des céréales, tant chez nous que chez nos voisins des États-Unis. Pour mieux gérer cette situation, les producteurs ont investi au cours des dernières années dans l’amélioration de leurs terres ainsi que dans la capacité de sécher et d’entreposer leurs récoltes. Ces investissements contribuent aujourd’hui à faciliter la commercialisation de leurs grains tout au long de l’année. Ils peuvent être plus actifs sur les marchés et mieux gérer l’écoulement de leurs récoltes en répondant à la demande des acheteurs.

Un autre facteur à considérer est le coût de production du maïs aux États-Unis qui varie actuellement entre 4,25 $ et 4,80 $ du boisseau. Au moment d’écrire ces lignes, le prix à la bourse de Chicago était à 3,70 $ du boisseau. Il est donc normal que le producteur de grains tente de récupérer le manque à gagner sur sa prime pour atteindre son coût de production.


Vous constatez que le maïs est à 3,70 $/boisseau et la moyenne des 5 dernières années est à 5,50 $/boisseau.

Dans une perspective québécoise, le calcul du prix du maïs doit aussi tenir compte de la fluctuation du dollar canadien ainsi que de la disponibilité d’approvisionnement. La récolte peut être abondante et demeurer entreposée pour toutes sortes de raisons, ce qui entraîne une baisse de l’offre. L’autre élément dont on doit tenir compte dans le calcul du prix est le coût du transport ferroviaire qui a largement augmenté au cours des dernières années.

Une récolte québécoise de meilleure qualité

Les intervenants du monde agricole québécois s’attendaient à une récolte 2014 inférieure en termes de quantité par rapport à celle de l’an passé, et ce, en raison d’une superficie d’ensemencement plus faible qu’au printemps 2013. Aussi, certaines régions du Québec, comme le sud-ouest de la province, ont connu un printemps pluvieux avec un sol frais et humide et, par conséquent, des semis retardés.

Lors de l’évaluation des récoltes pendant la « Tournée des grandes cultures 2014 » qui a eu lieu le 5 septembre dernier, le maïs était laiteux et commençait à denteler. Il présentait un retard de maturité. Aussi, il ne semblait pas y avoir de moisissure sur les épis et nous y avons observé peu ou pas de maladie. À la fin de cette tournée, l’ensemble des participants s’entendait pour dire qu’un gel précoce serait dommageable pour la qualité et la quantité de la récolte à venir.

Malheureusement, le 19 septembre dernier, un gel mortel pour les récoltes a sévi dans la plupart des régions du Québec. Malgré cet incident climatique déplorable, la période des récoltes s’est bien passée, avec des alternances de beau temps pouvant faciliter la gestion de celle-ci.

On retient que malgré les rendements variables, la qualité du maïs est supérieure à l’an dernier au point de vue de la nutrition animale. Qui l’eût cru? Malgré les semis tardifs et un gel précoce en septembre, le maïs a été récolté moins humide que l’an dernier et avec moins de toxines.

Voici, en date du 24 novembre, les résultats de la récolte 2014.

Il est à noter que la moyenne de 66,3 kg/hl n’est pas représentative de la récolte 2014 (région de Montréal). Il s’agit de la moyenne d’achat pour nos usines et clients.

Que nous réservent les prix du maïs en 2014-2015?

Selon moi, les primes demeureront fermes durant l’année 2015. Cela s’expliquera par les plus faibles rendements au Québec de la récolte 2014 avec un manque à produire de 600 000 tonnes métriques. L’année 2015 sera une année d’importation de maïs pour le Québec avec un dollar canadien relativement faible à 0,88 $ versus le dollar américain. Il faudra surveiller les prévisions d’ensemencements du 31 mars prochain.

Par la même occasion, nous tenons à remercier M. Pierre Laliberté pour son dévouement au sein du département des grains. Pierre nous quitte ce 18 décembre pour une retraite bien méritée. Nous te la souhaitons remplie de moments des plus agréables.

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