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La nutrition, toujours au cœur de la recherche dans le secteur avicole

Volaille •

Il est déjà bien connu qu’après la génétique, l’alimentation est l’un des facteurs pouvant le plus influencer les performances techniques des animaux d’élevage. Les poulets de chair, les poules pondeuses et les dindons n’échappent pas à la règle et c’est pourquoi il est primordial de demeurer à l’affût des stratégies novatrices, des nouveaux produits disponibles et des avancées en matière de régie pour tirer le maximum de nos oiseaux. L’évolution des différents secteurs de la production avicole s’explique en grande partie par les travaux des équipes de recherche issues de partout à travers le monde, car l’acquisition de connaissances n’est pas possible sans la science. Encore une fois cette année, de nombreux projets de recherche se sont traduits par des résultats intéressants dont plusieurs ont été présentés au rendez-vous annuel 2014 de la Poultry Science Association (PSA) qui s’est déroulé en juillet dernier à Corpus Christi au Texas.

Au total, 505 présentations de recherche sous forme de mini-conférences ou d’affiches ont été offertes en seulement quatre jours, ce qui illustre bien à quel point les travaux ont été nombreux et diversifiés au cours des derniers mois. En plus de ces centaines de présentations, 10 symposiums ont eu lieu durant ces mêmes quatre jours nous offrant un total de 68 conférences données par des scientifiques chevronnés. Ces symposiums portaient sur des sujets très diversifiés tels que les 10 ans du séquencement du génome du poulet, les bénéfices des acides aminés soufrés, les nouvelles stratégies pour contrer les mycotoxines, le rôle de l’industrie avicole pour nourrir la population en 2050 et la production biologique, pour ne nommer que ceux-ci. Toutes les facettes des différentes productions avicoles ont été couvertes, allant de la reproduction à la transformation en passant par la régie, l’environnement, la santé, la reproduction, la génétique, le bien-être animal et, bien sûr, la nutrition. Ce dernier aspect est, sans contredit, celui qui a occupé le plus de place sur le plan de la recherche scientifique, puisque 50 % des présentations étaient directement liées à la nutrition et au métabolisme des oiseaux d’élevage.

Actuellement, les chercheurs en nutrition semblent orienter leurs recherches sur les additifs alimentaires en premier lieu, puisque ce fut le sujet le plus exploité dans les présentations. Non loin derrière, on retrouve les acides aminés qui ont également fait l’objet de plusieurs essais conduits récemment. Les projets de recherche sur les additifs alimentaires avaient différents objectifs, dont le premier était la santé des pattes (calcium, phosphore, vitamine D et phytase), suivi de l’amélioration de l’efficacité alimentaire (enzymes) et de la santé des oiseaux (remplacement des antibiotiques, contrôle des mycotoxines, contrôle de la salmonelle, réduction de l’entérite nécrotique, etc.). Certains chercheurs ont aussi évalué de nouveaux ingrédients émergents ou ont simplement fait de la recherche fondamentale sur le métabolisme des oiseaux.

Les travaux de recherche portant sur l’environnement et la régie arrivent en deuxième position ex æquo avec ceux liés à la physiologie et la reproduction, puisque tous deux représentaient 10 % des présentations. La santé des os et la réponse physiologique des oiseaux à divers stress causés par l’environnement ont été parmi les sujets les plus populaires dans la communauté scientifique avicole. Ce n’est pas étonnant, puisque l’évolution rapide des oiseaux fait en sorte que les défis demeurent nombreux pour ce qui est du contrôle de la régie dans les poulaillers. De nombreux projets ont d’ailleurs permis de démontrer à quel point l’environnement peut affecter l’oiseau et quelles sont les conséquences d’un déséquilibre aux niveaux physiologique et reproductif.

Puisque les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la qualité des aliments qu’ils achètent, il n’est pas surprenant que 8 % des présentations portaient sur la transformation et la qualité des aliments. La grande majorité des projets de recherche de cette catégorie concernait les moyens de contrôler les contaminations par Salmonella et Campylobacter, deux agents pathogènes pouvant se retrouver dans les élevages et les produits avicoles. Cette orientation de la recherche n’est toutefois pas nouvelle, puisque toute la chaîne de production doit, depuis longtemps, mettre en œuvre tout ce qui est possible pour éviter la contamination de la viande et des œufs.

Enfin, on ne peut passer sous silence l’importance du bienêtre animal qui en a fait jaser plus d’un avec 7 % des travaux présentés. La pression que subissent les producteurs pour l’abandon des cages conventionnelles pour les poules pondeuses et l’intensification de la recherche sur les modes de logement alternatifs expliquent pourquoi ce sujet occupe une place aussi importante. Afin d’encadrer le mieux possible les producteurs américains dans les changements qui les attendent, une coalition formée de groupes de recherche, de vétérinaires, d’organisations non gouvernementales, de transformateurs, de restaurateurs, de distributeurs et de producteurs d’œufs a été mise sur pied aux États-Unis. Ce regroupement, appelé Coalition for a sustainable egg supply (CSES), réalise des travaux de recherche au niveau commercial dans le but de comparer chacun des modes de logement pour poules pondeuses du point de vue des coûts, de l’environnement, de la sécurité alimentaire, de la santé des travailleurs et du bien-être animal. Les résultats obtenus par cette coalition jusqu’à maintenant et dans le futur pourront aider les producteurs d’ici à mieux se préparer aux changements à venir en matière de réglementation.

Le rendez-vous 2014 de la PSA trace un portrait clair des orientations de recherche actuelles et futures. Ce qui est certain, c’est que les essais se multiplieront encore dans les mois à venir, toujours dans le but de faire évoluer les différentes productions avicoles. Si la tendance se maintient, la nutrition devrait demeurer en tête de liste des paramètres les plus étudiés. Néanmoins, comme le secteur avicole évolue constamment et que les défis sont nombreux, il est essentiel de pouvoir compter sur le travail des universités, des groupes de recherche, des compagnies génétiques et des fournisseurs d’intrants qui poursuivent leurs expérimentations dans toutes les sphères de la production. Ils rendent disponibles leurs résultats afin d’en faire profiter toute la communauté scientifique. D’ailleurs, il n’est pas étonnant d’apprendre que 868 personnes ont convergé vers le Texas cette année afin d’avoir accès à toute cette mine d’informations issues des plus récents projets de recherche. Parmi les participants, on retrouvait des gens d’un peu partout dans le monde. Plus de 27 % d’entre eux provenaient de pays autres que le Canada ou les États-Unis. De ce nombre, plus de la moitié des gens étaient originaires de l’Amérique centrale ou de l’Amérique du Sud.

Une autre statistique intéressante concerne les étudiants, puisqu’ils étaient très nombreux à l’événement. Ils représentaient 25 % des participants. Parmi ceux-ci, 144 étudiants universitaires ont même présenté les conclusions de leurs propres travaux de recherche.

Ces chiffres démontrent donc à quel point les professionnels de partout à travers le monde s’intéressent à l’amélioration continue des productions avicoles et que l’intérêt des jeunes finissants à compléter leurs travaux de recherche sur la volaille est au rendez-vous. Sans grande surprise, on peut également sentir que l’importance du bien-être animal ne cessera de croître avec les années, car l’industrie avicole a maintenant un nouveau défi, soit d’améliorer la productivité des troupeaux tout en répondant aux attentes de plus en plus élevées des consommateurs en matière de conditions d’élevage des animaux.


Audrey Bussières, agr.
COORDONNATRICE R&D
AGRI-MARCHÉ INC.

En collaboration avec

Karine Valiquette, M. Sc., agr.
EXPERTE EN NUTRITION AVICOLE
AGRI-MARCHÉ INC.

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