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L’importance de l’eau : rafraîchissement sur les normes et impacts sur les performances

Porc •

L’eau est reconnue comme étant un nutriment d’importance, au même titre que la protéine et les vitamines. Étrangement, peu de recherches sont réalisées sur les besoins en eau des porcs. Les critères de qualité ont généralement été établis en référence à l’humain plutôt qu’au bétail. En cette période où la température plus élevée peut influencer les besoins en eau, voici les critères de qualité et de quantité à considérer pour les porcs, de même que les conclusions issues des dernières recherches sur le sujet.

La qualité de l’eau, un facteur à ne pas négliger

La qualité de l’eau se définit par les propriétés physiques, chimiques et microbiologiques. La fréquence d’analyse dépendra du type de source (puits souterrain ou de surface) et de sa stabilité. Deux analyses complètes d’eau par année sont généralement suffisantes, ce qui représente un investissement minime d’environ 65 $ pour une analyse complète. Il est recommandé de faire une analyse du puits, mais aussi du système de distribution. En effet, il arrive parfois que les deux soient contaminés, mais de façon indépendante. Les critères physiques (turbidité, odeur et couleur) sont de moindre importance pour le porc, mais peuvent cependant cacher certains problèmes. Ils méritent donc une investigation afin de déterminer s’il y a des implications pour la santé et les performances. Les critères microbiologiques visent à identifier s’il y a des pathogènes présents et susceptibles de nuire à la santé et au bien-être des animaux (salmonelle, leptospira, E. coli, etc.). Les contaminations bactériennes surviennent surtout dans les puits de surface ou dans les puits mal construits ou mal situés. Les tests couramment effectués visent à vérifier la présence de coliformes fécaux et totaux et d’entérocoques. Selon le résultat, il sera alors possible de procéder à l’identification biochimique complète, puis à une désinfection lorsque nécessaire. Les critères chimiques sont ceux qui nous intéressent le plus en production porcine. En effet, l’eau peut contenir une variété de contaminants minéraux (calcium, magnésium, métaux lourds, etc.) qui, selon leur niveau, occasionnent des problèmes en élevage (diarrhée, problèmes de performances et difficultés d’entretien des lignes et des systèmes d’abreuvement). Contrairement à d’autres espèces, le porc tolère généralement bien les minéraux dans l’eau, en autant qu’il y ait peu de variations dans le temps. Le tableau 1 présente les maximums acceptables pour les paramètres principaux ainsi que l’impact perçu lorsque le niveau est dépassé.

La bonne quantité selon le stade de croissance

Chez le porcelet nouveau-né, l’eau représente 85 % de la composition corporelle et atteindra environ 50 % en fin d’engraissement. Il apparaît donc important de s’assurer d’une consommation adéquate, d’autant plus que l’environnement, la composition de l’aliment et certains stress sanitaires peuvent accroître la consommation d’eau. Malgré tout, il reste difficile de quantifier précisément la consommation quotidienne idéale d’eau chez un porc. Souvent un ratio avec la quantité de nourriture offerte sera établi. Par exemple, un porc en engraissement boira environ 2,5 litres d’eau pour chaque kg d’aliment ingéré. Une étude réalisée par le Centre de développement du porc du Québec (CDPQ) en 20051 visant à comparer quatre types d’abreuvoir en engraissement confirme aussi ces chiffres où les ratios eau et aliment chez des porcs de 25 à 90 kg ont été de 2,4, 2,6, 2,8 et 2,8 respectivement pour le bol avec couvercle, la trémieabreuvoir, le Drink-O-Mat et le bol avec valve VHR.

Le système d’abreuvement influencera la consommation d’eau, puisque certains moyens entraînent plus de gaspillage que d’autres et viennent ainsi fausser la prise réelle d’eau de l’animal. L’emplacement des sources doit aussi être pris en considération. En effet, des sources mal placées sont moins utilisées que d’autres. Par exemple, en engraissement, dans les grands parcs, certaines trémies humides sont pratiquement sèches alors que d’autres ne servent que pour l’eau. En pouponnière, les systèmes avec flotte (tube à vide) donnent de bons résultats dans les parcs de petits porcelets; l’eau est toujours disponible et fraîche. Les porcelets n’ont pas à apprendre à se servir d’une suce. Le tableau 2 présente une idée de la moyenne de litres par jour en fonction des stades physiologiques du porc ainsi qu’un débit minimum à respecter. Le débit est un aspect très important à vérifier, idéalement à différents endroits dans la ferme (parcs d’engrais, salle de misebas, début et fin de la ligne d’eau) et durant des moments de fortes demandes (ferme remplie d’animaux, laveuse à pression en fonction, etc.).



L’observation des porcs devrait confirmer que 60 % de l’eau est généralement consommée entre 6 h et 18 h. On note aussi qu’un porc se présentera à l’abreuvoir de 10 à 20 fois par jour. Si le débit, l’accès ou la quantité d’eau ne sont pas assez élevés, les animaux devraient vous le dire ainsi : caudophagie, constipation et baisse de l’alimentation.

Normalement, le type de système d’abreuvement n’influencera pas les performances des animaux, il aura toutefois un impact sur le comportement des animaux et le gaspillage d’eau. Ce dernier aura une incidence sur le volume de lisier. Le choix d’un type d’abreuvoir devrait donc tenir compte de cet élément.

Densité élevée et restriction d’eau

Le Prairie Swine Center2 a conduit une étude l’an dernier montrant les conséquences de la densité en engraissement sur les performances. La conclusion de ce type d’étude est souvent la même : la hausse de la densité par parc entraîne une baisse de performance, principalement à cause de la compétition pour l’aliment et l’eau. Dans ce test, les chercheurs ont donc validé trois différentes densités (8,2, 7,4 et 6,8 pi2 par porc). Dans la moitié de chacun des groupes de densité, ils ont ajouté un bol d’eau supplémentaire. L’étude a montré que l’ajout d’une source d’eau améliore significativement le gain et la conversion alimentaire des porcs en engraissement. La différence se voit à partir du moment où les porcs atteignent le poids de 99 kg et est flagrante dans le traitement où les porcs sont le plus entassés.

L’an dernier, Agri-Marché a débuté une étude visant à mesurer les effets d’une source d’eau supplémentaire en pouponnière sur les performances des porcelets. Cette première étude se voulait exploratoire, et les porcelets n’étaient pas entassés. Des bols à eau étaient présents dans chaque parc et à ceux-ci étaient ajoutées des suces ou des petites trémies remplies d’eau pour les sept premiers jours ou pour toute la durée de l’élevage. Aucune différence significative n’est ressortie entre les traitements. Toutefois, numériquement, le gain était supérieur quand une seconde source d’eau était ajoutée. Cet aspect méritera d’être investigué dans le futur.

En terminant, l’eau ne doit pas être négligée car son impact est majeur dans les élevages, que ce soit chez les porcelets tout juste sevrés, chez les truies en lactation ou chez les porcs à l’engrais. Des normes existent sur la qualité, le débit et le nombre minimum de sources d’eau à avoir par nombre de porcs. Les différents systèmes d’abreuvement ont chacun leurs spécifications. Il suffit de trouver l’équilibre entre celui qui favorisera une bonne consommation sans créer de gaspillage!


Emmanuelle Lewis, M. Sc., agr.
SUPERVISEURE NUTRITION, R&D
AGRI-MARCHÉ INC.

 
  1. Projet 135, CDPQ 2005
  2. Prairie Swine Centre Annual Research Report 2013-2014 p.46 à 48.

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