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Quels sont les critères à évaluer pour le choix de vos semences fourragères?

Végétal •

Parce qu’il y a effectivement plusieurs questions à se poser…

Tout d’abord, comment sont les champs? À la base, pour cultiver de la luzerne, le terrain doit le permettre! C’est que notre légumineuse chouchoute nécessite un sol qui s’égoutte bien. De plus, pour la conserver dans nos champs, son pH optimal devrait être de 6,8 à 7,0. Un autre facteur trop souvent négligé avec la luzerne est sa fertilisation en potasse. Une grande énergie est mise sur l’égouttement et le pH, mais un des secrets de sa longévité au champ réside dans un apport suffisant en potassium. Ce type de plante en importe une grande quantité du sol, et il faut donc penser à la nourrir en conséquence. Le trèfle rouge, quant à lui, est moins difficile au niveau du pH et de l’égouttement. Attention cependant aux terrains sableux, car le trèfle rouge est affecté par les sécheresses. La grosse majorité de son système racinaire est situé à moins de 20 cm de profondeur, ce qui limite donc l’eau puisée dans le sol. Le trèfle ladino, quant à lui, est moins capricieux que la luzerne pour l’égouttement, mais il n’apprécie pas non plus les périodes de sécheresse. Côté pH, il se comporte comme le trèfle rouge. C’est une excellente plante de pâturage. Il persiste longtemps dans le champ puisqu’il se multiplie par stolons. Et pour les sols plus acides (pH inférieur à 6), l’option du lotier est à envisager; il tolère même l’inondation! Par contre, il ne faut pas être pressé car le lotier s’établit lentement. Il a sa place dans une rotation de longue durée.



Les champs sont chaulés régulièrement, l’égouttement est là, on fertilise adéquatement, alors on y va avec la luzerne! Comment s’y retrouve-t-on en ce qui concerne les proportions dans les mélanges? Doit-on semer un mélange de 60 % luzerne avec 40 % de fléole, ou opter pour une répartition 80 % / 20 %? Qu’est-ce qui détermine ce choix? Dès le départ, pour récolter de la luzerne, il faut s’assurer d’un bon taux de semis et d'une bonne proportion dans le mélange. Les pourcentages sont en poids de semence et ne reflètent pas ce que l’on retrouve en population au champ. À titre d’exemple, dans 1 kg de semence de fléole, il y a environ 2 700 000 grains alors qu’on en retrouve 440 000 dans la luzerne. C’est dire que lorsqu’on sème un mélange 60 % luzerne et 40 % fléole, la population en légumineuse dans le champ par rapport à la graminée est plutôt de 25 %. Donc, pour de meilleurs rendements, il est intéressant de semer un mélange plus élevé en luzerne.

Un autre point non négligeable à prendre en compte est la dynamique d’alimentation dans l’étable. On entend souvent les producteurs parler avec fierté de leurs résultats d’analyses. C’est normal d’être fier lorsqu’on produit de l’ensilage à 23 % de protéine et 85 % de digestibilité potentielle. La perception est qu’il en coûtera moins cher en suppléments. La réalité, toutefois, est que votre conseiller en alimentation pourrait avoir beaucoup de maux de tête si vous n’avez pas d’ensilage de maïs pour accompagner ce type de fourrage. Une fois le silo rempli, il s’agit de la base de l’alimentation pour l’année. Il faut donc gérer une ration parfois trop riche en protéine dégradable, de même que les difficultés qui viennent avec. Dans une telle situation, il pourrait être judicieux de ne pas aller vers un mélange à 90 % de luzerne et de s’assurer d’ajouter une graminée comme le brome à un bon taux de semis. Et il n’est pas nécessaire d’angoisser à la vue d’un bouton de luzerne dans le champ! Par contre, si vous servez une bonne proportion d’ensilage de maïs à vos vaches, la réflexion sera différente. Les luzernes à haute digestibilité telle qu’Optimus seront des alliées dans la mangeoire.



Ensuite, à quel équipement avez-vous accès? Peut-on ajouter une graminée supplémentaire et bénéficier de tous ses avantages? Il faut garder en tête que cette dernière améliorera les rendements en plus d’aider à la fermentation grâce à son contenu en sucre. Le brome reste une des graminées les plus appréciées, entre autres pour son appétence. Avec un semoir APV ou Delimbe, c’est plutôt facile de l’implanter! Attention cependant au choix du champ, car le brome supporte mal l’excès d’eau. Si aucune boîte à brome n’est disponible, d’autres façons de faire peuvent être envisagées. D’ailleurs, certaines semences de graminées telles que le festulolium sont de petite taille et peuvent être mélangées à notre légumineuse. Le festulolium est un hybride de fétuque et raygrass. Plutôt agressif au champ, il donne de très bons rendements et une bonne qualité fourragère. Des combinaisons de graminées peuvent répondre aux besoins de chacun.

Après avoir choisi vos variétés avec soin, il ne faudrait pas négliger de calibrer le semoir adéquatement et de bien préparer le terrain pour réussir leur implantation…


JUDITH FRANCOEUR, agr.
Directrice de territoire
Semican inc.

NICOL DUFOUR
Conseiller en production laitière
Lactech inc.

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