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Entrevue avec M. Laurent Duvernay-Tardif

Divers •

À la suite de sa présence à la Fédération des producteurs d’œufs du Québec, l’équipe d’Agri-Nouvelles a pensé qu’il serait intéressant de partager avec vous le parcours de Laurent dans le milieu agricole durant sa jeunesse et le lien qu’il conserve encore aujourd’hui avec ce milieu. Nous avons voulu en apprendre davantage sur l’importance qu’occupe la consommation d’œufs dans son alimentation en tant qu’étudiant en médecine à l’Université McGill et joueur professionnel de football au sein de l’équipe des Chiefs de Kansas City.

D'où provient votre lien avec le monde agricole? 

Mon père était agronome et professeur à l’ITA de Saint-Hyacinthe. J’ai moi-même grandi sur un verger de plus de 200 pommiers, où il était possible d’effectuer l’autocueillette à Saint-Hilaire. Mon grand-père et ma grand-mère ont fondé le Clos Saint-Denis, un verger et un vignoble qui a mis en marché le produit Pomme de glace, un peu dans la première lignée des cidres de glace. Cela a été mon premier contact avec le monde agricole, mais j’ai toujours eu des projets également axés sur le milieu. À l’adolescence, j’ai eu comme projet d’été d’élever des poulets de grain. J’avais acheté 100 poussins d’un jour, je les avais élevés durant l’été, puis abattus pour les vendre à ma chaire comme projet d’été. Un autre de mes projets a été de semer des petits plans de basilic pour confectionner du pesto que je vendais dans les différentes foires agricoles à travers le Québec. J’ai toujours été assez proche de l’agriculture et du monde agricole.

Quelles sont les valeurs que vous a transmises votre père qui a été impliqué dans le monde agricole?

Ayant grandi sur un verger et un vignoble, il est certain que mon père et ma mère m’ont transmis de bonnes valeurs. Un de mes très bons amis, Charles Barnabé, avait une ferme réputée comprenant plusieurs milliers de poules pondeuses. J’allais chez lui pour lui donner un coup de main lors de l’arrivée de nouvelles poules, etc. J’ai toujours senti une proximité avec le milieu, et c’est un environnement que j’ai toujours aimé. Me lever le matin et passer la journée à l’extérieur ou passer du temps à l’intérieur pour travailler et terminer la journée avec le sentiment d’avoir accompli quelque chose, c’est très appréciable. Évidemment, c’est un peu différent maintenant, mais je crois que le football c’est encore un peu ça. Cela reste un travail manuel et physique, et le sentiment d’accomplissement est également présent, mais c’est différent.

Quelle importance accordez-vous à l'alimentation, plus précisément aux œufs, dans votre vie quotidienne? 

L’alimentation est directement liée à ta performance sportive. En ce qui me concerne, l’hydratation, le sommeil, la nutrition et l’activité physique sont quatre éléments sur lesquels on doit mettre l’accent pour réussir. Les œufs sont, pour moi, le meilleur aliment qui soit. Ainsi, ils se sont imposés comme étant une belle solution de rechange pour moi. C’est un aliment relativement faible en gras. Un œuf comporte 7 g de calories, c’est facile à compter, facile à cuire, facile à apprêter à toutes les sauces, que ce soit dans un smoothie, à la coque au petit déjeuner… Je peux en apporter à l’hôpital pendant mes quarts de travail. C’est la collation par excellence. C’est un produit non transformé, donc j’accorde beaucoup de place aux œufs dans mon alimentation.

Comment percevez-vous les enjeux de l'agriculture relativement aux aliments (ajouts de vitamines, sans antiobiotiques, etc.)? 

Je crois que pour être en santé, l’idéal est de manger des aliments non transformés et sans antibiotiques. Par contre, je suis conscient qu’il y a certaines contradictions. Il est possible de manger très sainement, sans hormones, sans antibiotiques, sans OGM, et de prioriser des produits bios. Toutefois, si nous ajoutons une livre de beurre ou du sel à profusion, cela vient biaiser nos saines habitudes alimentaires. Il reste que plus nous allons nous rapprocher d’une consommation de produits sains, mieux nous nous porterons. C’est peut-être un effet placébo (rires), mais lorsque je mange moins bien, je le vois dans mes performances physiques au gym, sur le terrain ou même au niveau de ma concentration à l’université en vue d’un examen. C’est évident que le ratio de gras, de sucres et de protéines ingérés dans un court délai avant un exercice physique a des impacts importants sur ma tolérance à l’entraînement ainsi que sur ma performance. Alors les délais et les quantités sont-ils vraiment calculés avant et après un entraînement ? Oui, dans le meilleur des mondes, mais je ne me concentre pas uniquement là-dessus non plus. J’adore manger et cuisiner. Des fois, trop vouloir tout calculer peut devenir un piège, car après il n’y a plus de plaisir. Je ne m’empêche pas de manger des extras à l’occasion, mais je dois toujours garder en tête qu’elle est la bonne recette qui fonctionne avant un entraînement et les aliments qui fonctionnent moins bien, qu’est-ce qu’il faut que je mange pour être le moins courbaturé après un entraînement, etc. Tu finis par connaître ta propre formule gagnante!

Quelle est votre opinion au sujet des produits agricoles du Québec? 

En partant, je crois qu’il y a moins de transport lié à ces produits. Considérant que l’industrie du transport est l’un des gros facteurs liés aux gaz à effet de serre, je crois que c’est une bonne chose de choisir des produits locaux. Je suis quelqu’un qui est fier de sa province, donc quand je vois un produit du Québec, je pense que cela a du sens d’encourager nos producteurs qui utilisent les mêmes techniques que certains producteurs d’ailleurs. C’est quand même un sceau d’authenticité de chez nous, et ça, ça me parle. J’apprécie surtout les marchés qui font des efforts pour avoir des produits locaux. Par exemple, les pommes. C’est impossible d’avoir de bonnes pommes à l’épicerie, sauf lorsque les épiciers décident d’offrir la pomme Empire du Québec. Elle est super croquante, c’est vraiment un plus. Ça n’a pas de sens de devoir s’approvisionner chez nos voisins de l’Ouest, des vallées de l’ouest du Canada ou des États-Unis lorsque le Québec est l’un des plus gros producteurs de pommes.

Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé vers la médecine?

Pour moi, c’était une belle combinaison entre les sciences pures, la pharmacologie et l’anatomie ainsi que les sciences humaines et la psychologie. Chaque patient est différent, alors chaque cas présente un beau problème à la fois du point de vue des sciences pures et des sciences humaines. Travailler avec des patients, c’est vraiment intéressant. Ça apporte une autre dimension tellement plus riche à mon expérience dans la médecine. Évidemment, j’apprécie tout le bien qu’on peut apporter aux gens, non seulement par nos connaissances médicales, mais aussi par le biais de nos compétences sociales, et de mettre celles-ci à profit pour être capable de bien approcher et de bien cerner un patient.

Dans le même ordre d’idées, est-ce qu’il est difficile de combiner sport et études? Il est certain que la saison « off » au football me permet de me consacrer à la médecine à temps plein, à cela, je dois ajouter l’entraînement physique, les médias et le don de soi-même, ça me tient plutôt occupé. Mais, en même temps, je crois que c’est ce qui me permet de garder un bel équilibre. Quand tu reviens en bas de l’échelle en médecine en tant qu’étudiant, tu ne peux pas commencer à t’enfler la tête. Ça te permet de garder les deux pieds sur terre.

Avez-vous terminé vos études ou il vous reste une année ou deux? Non, il me reste trois mois, j’ai terminé ma partie clinique. Il me reste à étudier pour l’examen final.

Qu'est-ce qui vous a poussé à performer dans le sport d'élite?

Je crois que c’est le goût du dépassement de soi, d’être le meilleur dans la vie. En fait, j’étais loin d’être le meilleur quand j’ai commencé à l’université, mais j’y ai mis des efforts. Ça peut être un rêve pour plusieurs, mais cela s’est présenté comme une occasion. Mon expérience et parcours dans le sport professionnel s’avèrent une richesse inestimable. C’est plus que du sport ou de l’argent, cela comprend aussi de gérer une pression énorme. Tu es à la merci de ton sport et cela t’apporte beaucoup du côté humain de collaborer avec des coéquipiers de partout dans le monde ayant des expériences de vie différentes. Il y en a qui quittent, d’autres qui arrivent, mais nous allons tous dans la même direction dès le début. Cela s’applique pas mal dans tous les domaines, mais on dirait que c’est un peu plus concentré dans le sport d’équipe. C’est une expérience vraiment enrichissante.

Quel sera votre plus grand défi personnel avec les Chiefs de Kansas City au cours des prochains mois?

Je crois que maintenant j’ai atteint une nouvelle étape dans ma carrière, puisque j’ai obtenu mon deuxième contrat. Il s’agit de défis plus axés au niveau de l’équipe, plus personnels. Je veux bien évoluer au sein des Chiefs. Durant les trois premières années, mon rôle était de bien performer au meilleur de mes capacités. Quand je n’allais pas bien, il y avait d’autres personnes au sein de l’équipe qui étaient là pour me relever et pour épauler les plus jeunes. Elles me disaient : « Let’s go, on continue, c’est pas fini. », je n’avais qu’à m’occuper de moi. Maintenant, je suis rendu à ma quatrième année, c’est un peu comme être un vétéran. Il faut s’occuper de l’équipe, être parmi les personnes qui s’assurent que les liens sont solides et que tous vont dans la même direction.

Où vous voyez-vous dans 5 ou 10 ans? Pensez-vous être encore dans le sport professionnel ou est-ce que vous serez concentré sur votre carrière?

Pour le moment, c’est difficile à dire… il y a tellement de choses qui changent. Dans la réalité du sport, il y a tellement de monde et il n’y a pas de contrat garanti. Ta carrière peut se terminer en raison d’une blessure. Il ne faut pas avoir trop d’étapes prédéfinies. Il faut davantage s’assurer de se donner à 100 % dans ce que l’on fait pour être le meilleur et voir ce qui en découle.

Concernant la fondation que vous avez mise sur pied, quel est le lien qui unit celle-ci avec la Fédération des producteurs d'œufs du Québec?

En fait, la Fondation Laurent Duvernay-Tardif sert à promouvoir en premier lieu l’activité physique, mais c’est beaucoup plus que ça. Notre modèle se veut de promouvoir l’étudiant actif. Évidemment, nous évaluons le parcours scolaire, mais aussi si l'étudiant est actif. Pas seulement physiquement, mais également auprès de sa communauté pour toucher plusieurs sphères diverses afin que les étudiants soient plus équilibrés. Le mot d’ordre est d’être actif et équilibré, de ne pas avoir peur de toucher à tout. Nous voulons aider les jeunes à se réaliser à travers tout ça. Oui, le rendement scolaire est important, mais nous les encourageons à élargir leurs horizons, même si le sport est une sphère primordiale selon moi. La Fédération des oeufs s’est inscrite dans cette veine, car je crois que les habitudes saines et la nutrition sont au centre de tout. Mais, aussi parce que je consomme beaucoup d’œufs et je crois beaucoup à cet aliment. Le lien entre la Fondation et la Fédération allait de soi.

Il paraît que vous êtes un adepte de yoga, qu'est-ce que ce sport vous apporte dans votre vie quotidienne? 

Oui! (rires) En fait, pour moi c’est au point de vue des étirements. C’est une bonne manière de m’étirer après une partie. Je fais ça le lundi, puis ça me permet de faire une activité autre que le football, de tourner la page, de me concentrer sur la prochaine semaine d’entraînement qui va commencer. Me recentrer sur moi-même en quelque sorte.

Pour conclure de façon humoristique, de quelle façon préférez-vous consommer votre douzaine d'œufs par jour?

Quatre à cinq œufs le matin au petit déjeuner, deux ou trois lorsque je fais des smoothies. Ah oui, j’aime ça quand je fais des recettes de pain aux zucchinis ou à l’orange et aux canneberges, je mets huit oeufs dans la recette au lieu de deux, comme ça je m’assure d’avoir un bon complément en protéines. Je me fais plusieurs petites recettes comme ça!

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