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Protectionnisme et provocation commerciale !

Divers •

Le protectionnisme et le chamboulement du commerce international semblent plaire à plusieurs pays développés : des États-Unis avec leur tarif douanier pour le bois d’oeuvre canadien et la ratification du PTP (le Partenariat transpacifique), jusqu’en Chine avec l’instauration de tarifs sur l’importation des drèches américaines. Même le Mexique a fait un virage à 180 degrés, augmentant l’achat de grains en Amérique du Sud au détriment des États-Unis. Rappelons-nous que depuis l’arrivée du nouveau président américain, les relations entre le Mexique et les États-Unis se sont détériorées. Tous ces revirements ont des incidences économiques de taille pour vos entreprises.

LE MUR
Les Américains exportent au Mexique 13,80 Mt de maïs, ce qui équivaut à 28 % des exportations américaines de maïs (source : USDA). Les exportations de produits agricoles vers le Mexique rapportent quant à eux plus de 17,85 milliards de dollars aux producteurs américains. Ce qui est loin d’être banal, mais le temps nous le dira. Cependant, en raison des attaques du président américain et de l’arrêt des communications entre le Mexique et les États-Unis, le Mexique a contacté ses voisins d’Amérique du Sud pour l’achat de denrées agricoles. Logiquement, chaque tonne achetée en Amérique du Sud est une tonne en moins achetée aux États-Unis…

L’ASIE
La Chine accusait les Américains de dumping pour la DDGS (drèche). Elle a alors appliqué une douane de 42,2 à 53,7 % ainsi que des droits compensateurs de 11,2 à 12 %. Cela a pour effet de diminuer les exportations américaines de drèches en direction de la Chine et de stimuler la production de drèches en Chine. La raison est fort simple, la Chine détient des stocks de maïs énormes et veut produire ellemême la drèche pour la consommation intérieure. En imposant des tarifs sur la drèche américaine, elle stimule sa consommation intérieure par la construction d’usines d’éthanol.



Par ailleurs, les stocks de maïs que possède la Chine ont culminé à 250 millions de tonnes en 2016 selon l’USDA. Le pays s’est lui-même enlisé dans ces millions de tonnes en raison d’un programme stimulant la production et les stocks. Désormais, la Chine a aboli ce programme pour diminuer considérablement ses stocks.

Les États-Unis ont attaqué leurs échanges commerciaux avec la Chine et le Mexique dès le début du mandat de Trump. La raison est simple, les États-Unis importent davantage de ces pays qu’ils exportent, c’est ce qu’on appelle un déficit commercial. D’un autre côté, au Canada, c’est nous qui avons un déficit commercial avec les États-Unis ! Nous achetons plus que nous leur vendons. Malgré cela, le commerce du bois d’oeuvre et les produits de la gestion de l’offre au Canada sont soumis à de fortes pressions de nos voisins du Sud.



POURQUOI LA TENDANCE DU TAUX DE CHANGE CAD VS USD
EST-ELLE À LA BAISSE ?

• Accélération du PIB aux États-Unis;
• Réduction possible des impôts aux États-Unis;
• Réduction de la production pétrolière d’une grande société au Canada;
• Droits compensateurs imposés sur le bois d’oeuvre canadien;
• Prix du baril de pétrole oscillant aux alentours de 52 $.

En 2017, le huard perd de la valeur face au dollar américain. L’économie canadienne n’est pas mal en point, cependant l’économie américaine progresse davantage. Les investisseurs ont plus confiance envers l’économie américaine pour obtenir du rendement sur leur capital investi.



Malgré un taux de change à la baisse, des températures étranges (neige et orages dans le Midwest américain et les plaines), le prix des grains a très peu varié sur le marché boursier. Il faut se rappeler ce qui est survenu par le passé pour comprendre davantage la situation. Depuis la sécheresse de 2012, nous avons eu d’excellentes récoltes, ce qui a pour conséquence d’augmenter les stocks de fin d’année. Bref, cela diminue la pression sur la volatilité des prix. Nous sommes ainsi moins à risque, car nous pourrons puiser dans nos récoltes antérieures si les rendements ne sont pas au rendez-vous.



Plus près de chez nous, le printemps s’est éternisé en raison des pluies diluviennes que nous avons reçues. La différence entre nous et les Américains est le taux de change. Ces dernières années, le taux de change gonfle les prix, car notre dollar est faible et la majorité des prix dans le secteur agricole sont basés sur le dollar américain. Par conséquent, les vendeurs trouvent la situation agréable et les acheteurs la qualifient de désagréable. Avec le protectionnisme mondial qui s’établit, la valeur du dollar canadien aura de la difficulté à reprendre du gallon, elle risque de diminuer davantage. Nos voisins du Sud nous mettent aussi des bâtons dans les roues. Ils imposent des tarifs douaniers sur le bois d’oeuvre, ils veulent renégocier l’ALENA, ils ratifient le PTP, etc.



Bref, l’incertitude est au programme et les investisseurs n’aiment pas cela. Il faut faire attention à nos amis du Sud, car ils ont attaqué le commerce de leurs plus gros partenaires, soit la Chine, le Canada et le Mexique. « Le mode américain » consiste à établir un rapport de force en montrant les crocs pour négocier par la suite. Cette technique nous a mis au tapis, mais si les négociations vont bon train, notre taux de change pourrait rebondir rapidement. Il faut être à l’affût !

Pour les producteurs de grains, notre taux de change leur offre des occasions à ne pas rater, car la valeur du grain à la Bourse de Chicago n’est pas avantageuse. Pour les acheteurs, soyez patients, fixez-vous un objectif et lorsque vous vous y approchez, concluez des contrats.

VINCENT ROY
Négociant en grains
Agri-Marché inc.

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