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Le poulet déguisé en poule : impact sur l’économie canadienne

Volaille •

En 1978, lorsque le Canada a mis en place la gestion de l’offre dans le secteur du poulet, un accès au marché canadien a été offert pour les produits du poulet. La poule de réforme n’a pas été incluse parmi les produits soumis au contrôle des importations. À l’époque, l’utilisation de la poule de réforme était limitée à une gamme restreinte de produits comme les soupes. Nul n’avait prévu que les importations de poules de réforme pourraient nous causer du tort. Comme celle-ci n’est pas assujettie aux contrôles des importations, il n’y a aucune limite concernant la quantité qui peut être importée.

Bien que les importations de poules aient graduellement augmenté au début des années 2000, c’est en 2012 que les statistiques sur les importations ont démontré un abus évident. En 2012, le Canada a importé 106 millions de kilogrammes de poules de réforme des États-Unis, soit une augmentation de plus de 50 % en seulement trois ans. Ces importations représentaient 101 % de la viande de poitrine de poule de réforme produite dans l’ensemble des États-Unis. Il y avait vraiment un problème !

En réalité, une partie des importations de poules était constituée de viande de poulet déclarée comme étant de la poule de réforme, contournant ainsi les contrôles des importations. Comme les poitrines désossées de poule et de poulet ont une apparence similaire, il était quasi impossible pour les services frontaliers de détecter le subterfuge. On estime qu’environ 40 % des importations de poules étaient en réalité du poulet faussement déclaré. Ces importations frauduleuses privent les producteurs et les transformateurs de poulet du Canada d’emplois et de revenus qui pourraient, et devraient, profiter à l’économie canadienne. Depuis 2012, on estime que ces importations illégales ont privé l’industrie canadienne d’environ 40 millions de kilogrammes en production et empêché la création de 2 800 emplois sur une base annuelle.

De plus, ces importations pourraient causer un risque de salubrité des aliments. Si du poulet américain devait faire l’objet d’un rappel, les autorités canadiennes ne pourraient pas localiser le produit en question, car il apparaît comme étant de la poule de réforme dans les registres d’importation. Donc, en plus d’empêcher l’économie canadienne de produire plus de poulets, l’importation sous de fausses déclarations constitue un risque de salubrité des aliments.
 

COMMENT REMÉDIER À CE PROBLÈME ?

Comme il est à peu près impossible de distinguer visuellement les deux produits, les autorités gouvernementales ne disposaient pas jusqu’ici d’outils pour effectuer un contrôle efficace. La certification et la traçabilité ont été explorées afin de limiter les importations illégales. Toutefois, elles ne permettaient toujours pas d’identifier le produit. Au cours de nos discussions, nous avons rencontré un spécialiste de l’ADN animal qui croyait en la possibilité de développer un test pouvant identifier non seulement les poules pondeuses, mais également les poules reproductrices. Évidemment, ces dernières possèdent une génétique similaire à celle du poulet. Après un investissement de 250 000 $ et plusieurs mois de recherche, un test a été mis au point par l’Université de Trent en Ontario.

Le gouvernement canadien procède actuellement à la validation scientifique du test d’ADN afin de l’utiliser dans les inspections de produits importés déclarés comme étant de la poule. Nous avons bon espoir que le test fera très bientôt partie des moyens de détection.

Les autorités gouvernementales ont aussi compris l’importance de la question, tant du point de vue économique que de la salubrité des aliments. En août 2016, des produits déclarés comme étant de la poule de réforme ont été retournés aux États-Unis, car l’Agence canadienne d’inspection des aliments a identifié des irrégularités et des infractions aux règles. Depuis lors, les importations de poules ont diminué d’environ 35 % et nous avons continué nos discussions avec les représentants gouvernementaux afin de veiller à l’utilisation du test d’ADN pour identifier correctement les produits importés.



YVES RUEL
Directeur du commerce
et des politiques
Les producteurs de poulet
du Canada
 

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