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Tout vient à point à qui sait attendre… mais à quel prix?

Divers •

Le marché des grains subit toujours les effets de nombreux facteurs externes que nous essayons d’anticiper le mieux possible. Malgré les récoltes historiquement bonnes qui se succèdent et les prix relativement bas, les acheteurs ne se positionnent pas à long terme, attendant encore un contexte plus intéressant.

Il serait difficile de passer sous silence le changement important de direction politique chez nos voisins du Sud. L’arrivée de Donald Trump à la présidence alimente l’incertitude sur les marchés, surtout avec les intentions protectionnistes du principal intéressé. Les rumeurs qui circulent sur internet vont dans toutes les directions et, bien qu’il serait peu probable de voir arriver des changements importants à court terme, il demeure quand même des possibilités de répercussions importantes lorsqu’on parle de libre-échange, d’environnement ou de politique énergétique.

Le dollar canadien a plongé de près de deux points de base dès l’annonce du résultat de l’élection. Pourtant, les chiffres d’emplois sont stables, les taux directeurs sont très bas et un dollar faible a normalement un effet positif sur une économie basée sur les ressources naturelles et les commodités. Le Canada devrait maintenir son positionnement et s’en sortir gagnant. Les États-Unis représentent un marché naturel pour les exportations canadiennes et, si l’économie se porte mieux au sud de la frontière, les répercussions devraient être favorables.

En matière d’exportation, le marché de l’huile de palme est marqué par une rareté résultant de prix historiquement bas en 2015, ce qui a freiné la production en 2016 . Dans ce contexte, la demande pour les autres huiles végétales a explosé et les prix également. Les triturateurs ont fonctionné à plein régime, ce qui a généré des prix de fèves soya à la hausse, alors que le tourteau de soya connaissait un léger recul. Avec des récoltes abondantes depuis maintenant 3 ans, les prix se situent dans le bas des moyennes 5 ans. Les producteurs vendent au jour le jour, mais certains acheteurs commencent à se positionner pour l’automne prochain. Le prix du maïs est relativement sous-évalué vu les stocks de report importants (59 jours d’après les derniers chiffres du USDA) alors que le prix de la fève soya devient de plus en plus intéressant. Juste avant le rapport de mars, la fève soya affichait un ratio par rapport au maïs de plus de 2,6 (normalement, au-dessus de 2,5, les producteurs pensent à semer plus de soya). Pour le moment, le marché n’est pas nerveux vu les stocks importants, mais la moindre mauvaise nouvelle risque de faire renverser la tendance. Les fonds sont plutôt tranquilles en ce qui concerne les commodités vu l’absence de tendance claire. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont racheté leurs positions vendeuses tout au long de l’automne, attendant la prochaine rumeur pour spéculer de nouveau.


Cette prochaine vague de ventes devrait inciter les producteurs à céder un peu de maïs pour alimenter le marché local, mais les prix demeureront tout près des prix de l’exportation, étant donné les rendements importants, l’absence d’importation et le ralentissement de la demande locale. À l’inverse, les cultures de maïs-grain et de fève soya ne sont plus admissibles à l’ASRA, ce qui évitera que les prix baissent bien en dessous des coûts de production.

Si l’on se fie aux moyennes 3 ans et 5 ans, les prix ne pourront pas augmenter énormément d’ici les prochains semis. Le maïs et le blé devraient demeurer relativement stables, rémunérant à peine l’entreposage. Les fèves soya seront encore demandées jusqu’à ce que l’Amérique du Sud arrive dans le marché. Par contre, pour le tourteau de soya, on peut anticiper un ralentissement de la trituration au cours des prochaines semaines; les marchés d’huile retrouvent une offre plus abondante et les inventaires d’huile augmentent lentement. Lorsque cette situation se produit, et parce que le prix des fèves et la disponibilité deviennent moins favorables, les usines ralentissent leur production, ce qui fait généralement augmenter les prix des protéines.

Nos prix sont actuellement environ 10 % en bas des moyennes 3 ans ce qui devrait intéresser les acheteurs. Pourtant, tout le monde semble attendre. Le marché des viandes est incertain. Les ventes à l’exportation ne sont pas aussi dynamiques que prévu à cause de l’abondance de grains un peu partout dans le monde. La Chine souhaite diminuer sa réserve de maïs, alors elle n’est pas très active sur les marchés internationaux. Par contre, les probabilités deviennent de plus en plus grandes que les ensemencements de maïs soient moins importants qu’en 2016, que dame nature nous apporte des phénomènes météo comme La Niña cette année ou encore que les rendements ne soient pas aussi exceptionnels que l’an dernier. Tout vient à point à qui sait attendre… À nous de demeurer vigilants pour bien nous positionner.


SÉBASTIEN LAVOIE, agr.
Directeur commercialisation des grains
Agri-Marché inc.

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