REPORTAGE FERME FIPIERRE SENC
Lactech •PLUS DE 50 ANS D’ÉVOLUTION
C’est à Saint-Romain, à la limite de l’Estrie et de la Beauce, que Jean-Luc Fillion et son fils Francis exploitent la Ferme Fipierre SENC, une entreprise spécialisée en productions laitière et acéricole.En 1960, Rémi, le père de Jean-Luc, achète la ferme dans le Rang 5 et déménage son troupeau de 12 vaches et ses 3 chevaux.
En 1974, Jean-Luc prend la relève. À cette époque, le troupeau se compose de 30 vaches, de 13 taures et de 125 acres en culture. Dans la première année, il construit une vacherie de 35 sur 60 pieds. Très fier de ses champs et soucieux de produire des fourrages de meilleure qualité, Jean-Luc enfouit de nombreuses digues de roches et fait du drainage souterrain partout où il est nécessaire.
C’est en 1978 qu’il achète sa première vache pur-sang. Par la suite, au début des années 1980, il participe aux expositions de comté et décroche, en 1984, la Grande Championne et les bannières Premier exposant et Premier éleveur à l’Exposition agricole de Saint-Sébastien.
En 2001, avec la relève qui s’en vient, il agrandit une fois de plus l’étable à 56 sur 140 pieds pouvant ainsi loger 65 vaches et 32 génisses supplémentaires. Au fil des années, l’achat de quota a toujours été une priorité.
En 2007, le rêve de Francis se réalise. Il s’associe avec son père pour la troisième génération de Fillion et forme la Ferme Fipierre SENC. Les années passent et la ferme poursuit son expansion. Le duo continue d’acheter du quota, double le nombre d’acres de terre, passe de 300 à 650 acres en culture et possède 500 acres de boisé.
La ferme comprend aujourd’hui 120 vaches, dont 100 en lactation, et 100 génisses de remplacement. Voici la classification du troupeau en 2016 : 5 EX, 35 TB, 58 BP et 12 B.
Les propriétaires modernisent tous les équipements pour les semis et les récoltes pour en améliorer l’efficacité. La ferme est aujourd’hui complètement autonome en machinerie pour l’exécution de ses travaux. Ils développent aussi une clientèle pour la paille et le foin de qualité. Logiciel DSA, classification et contrôle laitier sont des outils que la Ferme Fipierre utilise pour améliorer la qualité et la productivité de son troupeau. En ce qui concerne l’érablière, ils passent de 3 800 entailles sur chaudières à 7 500 entailles sur tubes combinées à 1 800 entailles encore sur chaudières. L’eau y est ramassée à l’ancienne avec des chevaux, pour le plaisir en famille.
Le 10 février 2012, une immense tragédie frappe la famille Fillion. Laurence, 10 ans, et Juliette, 8 ans, les deux filles aînées de Francis et sa conjointe Claudia, perdent la vie de façon tragique en même temps que leur grand-mère maternelle. Avec le soutien et l’appui de leurs proches, et grâce à leur courage et à leur détermination, ils réussissent ensemble à surmonter cette terrible épreuve. « La vie doit continuer et être encore belle », souhaite le couple.
LA FERME EN CONSTANTE AMÉLIORATION
À cause d’un début de problème de genoux et d’une baisse d’attrait pour la manière conventionnelle de traire les vaches, Francis propose à son père d’étudier l’option des robots de traite dans le but d’améliorer la qualité de vie et l’efficacité du travail tout en s’ajustant aux nouvelles normes du bienêtre animal. Aussi, pour pouvoir poursuivre l’expansion, ils se devaient de regarder cette option, car les bâtiments étaient à leur pleine capacité. C’est donc à l’automne 2014 que le projet voit le jour avec la construction d’une étable de 130 sur 200 pieds incluant deux robots et offrant la possibilité d’y en ajouter un troisième. La construction débute en mai 2015 pour finalement commencer à traire les premières vaches le 26 octobre 2015.En ce qui concerne les logettes, leur choix s’arrête sur des logettes profondes sur chaux-paille. Propreté, confort et valorisation de la paille qu’ils produisent ont été les éléments décisionnels pour adopter cette méthode.
La nouvelle vacherie comporte une ventilation transversale pour optimiser la qualité de l’air. Ils optent aussi pour du béton rainuré dans les allées et, jusqu’à maintenant, aucune vache ne s’est éjarrée. Deux grands « bed park » sont à la disposition des vaches en préparation au vêlage et des vaches qui ont fraîchement vêlé. Dans le but d’améliorer la régie avec le vétérinaire et l’efficacité du travail avec les animaux, ils ont installé des carcans dans toute l’étable.
Ils ont un JUNO afin que la ration soit toujours accessible aux vaches, même la nuit. Le choix des robots s’est arrêté sur LELY pour le trafic libre et la quantité de données fournies par celui-ci : test de gras, protéines, CCS, température du lait, poids des vaches, nombreux graphiques… sans oublier les colliers pour l’activité, la rumination et la détection des chaleurs, etc.
Tous ces aspects aident à la régie du troupeau et en augmentent la performance. Après seulement un an et une transition assez difficile, la production atteint aujourd’hui plus de 1,65 kg de gras par vache par jour. En ce qui concerne la reproduction, le taux de conception s’est maintenu en moyenne à 42 % et le taux de gestation, à 25 %. Avec l’utilisation du transfert embryonnaire, des meilleurs taureaux et de la génomique, les propriétaires ont pour objectif de produire plus de 1,80 kg de gras par vache par jour tout en maintenant la meilleure marge dollars par vache, et ce, avec de belles vaches en santé.
LES CHEVAUX, UNE GRANDE PASSION
En plus de l’intérêt qu’il porte à l’agriculture, Francis a une grande passion pour l’élevage de chevaux de race belge. À ce jour, il possède un étalon, une pouliche d’un an et cinq juments, dont quatre poulineront ce printemps. Il aime bien participer à divers concours aux expositions agricoles. Ses chevaux ont remporté des premiers prix et plusieurs titres de Grand Champion et Grande Championne, à Trois-Rivières, à Saint-Honoré, à Saint-Hyacinthe et à la Finale provinciale. Joignant l’utile à l’agréable, Francis et son père aiment bien effectuer des travaux en forêt et à l’érablière avec ces magnifiques bêtes, sans oublier les balades familiales en traîneau.L’ENGAGEMENT, SYNONYME DE SUCCÈS
Jean-Luc a toujours été engagé socialement, et ce, dès l’âge de 20 ans. Il a été conseiller pendant 12 ans et, par la suite, délégué dans le lait, directeur du Club Holstein de Beauce, marguillier de la Fabrique pendant 6 ans, président de l’Exposition agricole de Saint-Sébastien en 1993-1994 et, depuis 23 ans, il est maire de la ville de Saint-Romain. Pour sa part, Francis a été directeur au sein du Comité de développement de Saint-Romain ainsi que directeur et par la suite président de l’Association des éleveurs de chevaux belges du Québec.Le succès de l’entreprise repose sur l’engagement familial. Les parents de Jean-Luc ont toujours été très actifs. Jean-Luc et son épouse Francine ont pu passer le relais à leurs trois enfants. Francine, maintenant retraitée après 33 ans de services aux Caisses populaires Desjardins, s’est toujours occupée de la comptabilité de la ferme. Francis, 39 ans, habite sur la ferme familiale avec son épouse Claudia, infirmière-clinicienne au CLSC en enfance jeunesse famille, avec leurs trois enfants Victoria, 10 ans, Élisabeth, 7 ans, et Rémy, 4 ans. Christian, 37 ans, le frère de Francis, est propriétaire d’une érablière et tailleur de sabots de vaches professionnel. Karine, 31 ans, la soeur de Francis, est esthéticienne et habite dans la maison ancestrale avec son mari Marc-André, employé à temps plein de la ferme depuis 2007, et leurs trois garçons Alan, 8 ans, Justin, 6 ans, et Mathis, 3 ans. En plus des quelques employés occasionnels durant la saison estivale, tous mettent la main à la pâte!
Jean-Luc et Francis n’ont peut-être pas de diplôme, mais ils comptent sur leur détermination et leur capacité à savoir bien s’entourer pour relever les défis et profiter des opportunités que leur réserve l’avenir.
Qui sait, à rendre cette entreprise familiale rentable, efficace et attrayante où il y a du plaisir à travailler, peut-être verront-ils une quatrième génération s’y établir un jour. C’est ce que ce duo père-fils ose espérer! Lactech est fière d’appuyer toute l’équipe de la Ferme Fipierre SENC dans la réalisation de ses projets pour les années futures!
DAVID LESSARD, T.P.
Conseiller en production laitière
Lactech S.E.C.